Des plaisirs inutiles

Certains font l’éloge de la paresse, moi, j’aime bien l’inutile. L’inutilité du beau, l’inutilité du bon, celui qui ne sert pas dans la réalité, mais qui nourrit l’âme et le cœur. Un jour, j’ai décidé de façonner ma vie de bonheurs et de passions qui pourront paraître inutiles à d’autres yeux.

J’adore perdre mon temps dans l’inutile, à respirer profondément une brise, à contempler d’émerveillement une montagne, un ciel orageux, des amoureux. J’aime les discussions profondes qui viennent chatouiller mes désirs et mes désillusions, même lorsqu’elles se perdent en longueur, parfois.

Trop souvent, on tend à nous éloigner de ces petites étincelles de bonheur, souvenirs lointains d’une enfance merveilleuse et innocente. Pourtant, j’ai tant besoin de ces infimes passions pour me sentir heureuse et à ma place dans ce monde! J’ai tant besoin d’aimer, tout doucement, tendrement. Aimer les autres, aimer les arts, aimer le chocolat…

J’aime prendre du temps pour ressentir, pour comprendre, pour apprendre et réapprendre. Tant de verbes qui ne servent qu’à l’esprit, mais qui me rassasient. Il semble qui je sois née avec un voile étoilée et fabuleux devant les yeux qui me fait voir la vie autrement, passionnément. La vie n’a-t-elle pas de sens que pour celui qui la vie? La réalité ne dépend-elle pas seulement du regard qu’on lui porte?

J’aime prendre un moment pour arrêter de vivre et exister enfin, véritablement. J’aime le vide intérieur qui se remplit dans l’envie, l’espérance, l’attente. J’aime perdre mon temps à donner des sourires sur les visages des autres, à leur offrir des mots doux, beaux, inutiles, pour remplir leur cœur. J’ai besoin de me perdre dans les beautés du monde pour me prouver que les souffrances et les tristesses ne sont souvent que passagères. J’ai besoin de m’offrir ces plaisirs et de sentir que je me possède, que je maîtrise ma vie quelque peu inutile, mais toujours jolie.