Amélie St-Jean

dimanche 30 mars 2008

Devenir un adulte consistant

Le référentiel disciplinaire reflète les valeurs éducatives auxquelles l’enseignant croit et tend à se transformer en fonction du milieu et des besoins de ses élèves. Il y a néanmoins certains principes de base sur lesquels il doit se soutenir pour être efficace. En voici donc le résumé.

Tout d’abord, l’enseignant peut aussi bien choisir d’instaurer son référentiel disciplinaire en réponse à un événement ou à une situation vécue au sein de la classe que de l’élaborer afin de prévenir certains problèmes. Il s’agit donc d’un choix personnel, mais qui doit tout de même se baser sur une réflexion sérieuse, en ce sens qu’un enseignant un peu craintif et ayant peu d’expérience en organisation de classe a tout intérêt à bâtir un référentiel disciplinaire sans attendre les comportements inacceptables, ne serait-ce que pour se sécuriser et se confirmer, à lui-même, son style de gestion de classe.

Ensuite, il est important de discuter avec les élèves; de se questionner sur ce qui est acceptable comme comportement et ce qui ne l’est pas. L’enseignant a tout intérêt à choisir avec ses élèves ce qui est essentiel à respecter en classe pour ensuite construire les règles avec eux. Il devra aussi discuter avec les enfants des raisons qui sous-tendent ces règles afin que tous comprennent vraiment l’importance d’avoir le comportement demandé.

Bien que toute la classe prenne part à l’élaboration des règles, certaines balises doivent être respectées afin que le référentiel soit vraiment profitable. Les règles doivent être immuables, donc représenter des comportements auxquels les élèves doivent se conformer en tout temps et se révéler simples et claires. De plus, elles et ne doivent pas être trop nombreuses (maximum cinq), se formuler positivement (illustrer le comportement à adopter), en donnant une consigne courte, en adoptant la forme personnelle (je ou nous) et en décrivant des comportements observables et mesurables (éviter les formulations trop générales, les adverbes, etc.). Il est aussi intéressant d’y inclure une règle maîtresse comme «je respecte les consignes» qui permettra à l’enseignant d’inclure d’autres règles quand le contexte le demande (sorties, activités, etc.).

En plus de décider des règles, il faut trouver avec les élèves des conséquences positives à leurs bons gestes : des moyens d’appréciation et de félicitations. En effet, en plus de s’expliquer les conséquences directes du respect des règles de vie (permet à tous de se sentir bien en classe, donne de la fierté, permet de terminer un travail dans un délai raisonnable, etc.) il peut être aidant de décider de moyens agréables servant à motiver davantage les élèves à adopter un comportement demandé. Que l’enseignant félicite ses élèves individuellement ou collectivement en leur souriant, en leur faisant un signe ou en leur démontrant son appréciation verbalement ou par écrit, l’important, c’est que cette appréciation soit sincère et méritée, sans quoi, elle n’aura aucun effet sur la motivation des élèves. Peu importe la forme qu’elle habille, elle doit être précise et descriptive, en ce sens ou «Très bien!» n’est pas toujours suffisant et signifiant. Il vaut mieux préciser l’aspect du travail qui mérite vraiment des félicitations (amélioration, originalité, organisation, persévérance, etc.) ou décrire spécifiquement le bon comportement. L’idée d’un système de motivation de classe se définit d’ailleurs tout à fait dans ce sens, mais l’enseignant peut aussi décider de prendre d’autres idées des élèves ou leur proposer des moyens déjà existants (certificats, note aux parents sur des fiches ou dans l’agenda, ou tout autre idée signifiante).

Par ailleurs, pour assurer la constance et la justice dans ses interventions et éviter le désordre, l’enseignant doit aussi choisir avec son groupe des conséquences liées aux transgessions des règles. Ces conséquences doivent éviter avant tout l’humiliation de l’élève et avoir un but éducatif. Elles devraient donc inciter l’élève à réfléchir pour changer sa conduite, d’où l’importance de toujours faire un retour avec l’élève récalcitrant sur les différents choix qu’il a la possibilité de prendre. Ainsi donc, les conséquences doivent aussi être données à la mesure de l’acte posé et évoluer en gradation (système en escalier). L’enseignant pourra donc, par exemple, commencer par des interventions non verbales (regard désapprobateur, proximité, etc.) et passer à une autre conséquence lorsque nécessaire. Si le message non verbal n’est pas suffisant, il fera un appel verbal pour ensuite passer à une conséquence plus sérieuse selon les choix de la classe et le besoin (réflexion écrite ou non, retrait d’un privilège, gel d’une activité, nouvelle attribution des places, retenue, réparation, discussion, etc.).

Enfin, il ne reste à l’enseignant qu’à écrire les règles (ou à les faire écrire à ses élèves) sur un support et avec du matériel qui permettent une bonne visibilité et installer le référentiel à un endroit où tous peuvent s’y référer en cas de besoin. L’enseignant devra aussi tenir compte du fait qu’il lui faudra enseigner et pratiquer les règles et les procédures pendant une bonne partie du début d’année. Il devra d’ailleurs sûrement revoir cet enseignement ainsi que le référentiel disciplinaire en cours d’année selon les besoins et le contexte (retour des fêtes, semaine de relâche, fin d’année, etc.).



Le référentiel disciplinaire de la classe d’Amélie


Nos règles de vie en classe

1. Nous respectons les consignes.
2. Nous exprimons notre respect par nos actes et notre langage.
3. Nous avons un comportement sécuritaire.
4. Nous parlons à voix basse.
5. Nous travaillons avec effort sans perdre de temps.


Nos conséquences agréables

Nos travaux bien faits, nous pouvons profiter d’un temps libre à la fin de la période !
Nos parents reçoivent de bonnes nouvelles par écrit !
Nous avons le privilège de travailler à l’ordinateur !
Nous avons le privilège d’avoir une période pour travailler sur un projet personnel !
Nous choisissons un diplôme qui donne droit à un petit privilège !
Nous sommes fiers !

Nos conséquences liées aux transgressions

(1 et 3)
Nous réfléchissons sur notre comportement à l’aide d’une fiche choisie par Amélie.

(2)
Nous présentons nos excuses (lettre) et utilisons le coin «résolution de conflits».

(2, 3 et 4)
Nous perdons un privilège (droit de parole, travailler en équipe, récréation, etc.)

(5)
Nous reprenons notre temps de travail à la récréation ou après l’école.

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