Je discutais avec une amie enseignante de ces enfants qui se retrouvent dans nos classes et pour qui il semble impossible que l'école signifie quelque chose dans leur vie, leur vie présente... Ces enfants qui frappent, qui hurlent, qui lancent des chaises. Ces enfants que l'on a un jour détruits en petites miettes, ceux qui ont vécu des déchirements tragiques, des angoisses terrifiantes, des violences impensables, des cauchemars éveillés - que l'on connaît et qui nous glacent le sang à les nommer... Comment peut-on penser que notre système scolaire leur convient ? Comment peut-on penser que l'école a toujours un sens lorsqu'on la regarde de leur point de vue ? L'école, ce système... Bien entendu, il est essentiel que ces enfants aient le même droit que tous les autres à l'éducation, à la scolarisation et à la socialisation, peut-être même que le monde scolaire réussit parfois à redonner un sens à leur vie, mais ma réflexion n'est pas tout à fait à ce niveau.
De l'intérieur du système, quand je regarde le monde, la fragilité de la vie, les enfants, il me semble que l'essentiel, le véritable, est ailleurs. Comment peut-on en vouloir à ces enfants de hurler des bêtises, de mordre, de prendre toute notre énergie ? Pourtant, à l'école, les adultes leur en veulent! Tous ces comportements ne paraissent-ils pas assez anormaux pour prouver qu'ils souffrent seulement terriblement ? Tant d'adultes semblent leur en vouloir de briser leur routine, de déstabiliser les autres enfants, de ne pas être davantage comme les autres... et on « dit » les comprendre - c'est ce qui me fâche ! Il est certain que dans notre système, avec la charge d'au moins une vingtaine d'autres enfants, un programme de formation à suivre, un travail à faire et un horaire planifié, il est extrêmement difficile de faire des miracles - c'est ce qui me fâche encore plus ! D'où cette question que je me suis posée : « Lorsqu'une situation aussi catastrophique psychologiquement survient dans la vie d'un adulte, continue-t-il à travailler ? » Habituellement non, puisqu'il en est humainement incapable. L'enfant est-il à ce point si fort qu'il puisse, lui, continuer de fonctionner dans le système ? C'est bien ce que nous lui demandons, non !
Combien d'hommes et de femmes, quelque caractère fort qu'ils pouvaient avoir, se sont vus arrêter de travailler sans le vouloir, faute de pouvoir. Le sentiment que je ressens quand je vois ces enfants, c'est que, comme nous, et sûrement bien plus encore, ils ont besoin de temps, de se reposer, de se retrouver, de se soigner... Mais le système ne permet pas cela. Comment peut-on s'imaginer que l'école puisse être différente du travail de l'adulte et que l'enfant puisse tout bonnement y retourner, jour après jour, y faire des crises, déranger et s'humilier et que cela est bon pour lui ? Cette facette de notre système scolaire m'attriste sincèrement - comme si nous passions à côté de l'essentiel... pas le nôtre, mais le sien - celui dont nous sommes sensés être responsables.
J'ai eu la même réflexion pour certains enfants malades... ceux qui ont passé à deux doigts de mourir et qui ne voient en la vie qu'une fin proche, l'âme toute peinte de noir, et que l'on pousse à faire des mathématiques - et vite !
* Épuisement professionnel pour les linguistes, lettrés et amoureux de la langue française en tout genre (c'est cliché, mais c'est joli !)
De l'intérieur du système, quand je regarde le monde, la fragilité de la vie, les enfants, il me semble que l'essentiel, le véritable, est ailleurs. Comment peut-on en vouloir à ces enfants de hurler des bêtises, de mordre, de prendre toute notre énergie ? Pourtant, à l'école, les adultes leur en veulent! Tous ces comportements ne paraissent-ils pas assez anormaux pour prouver qu'ils souffrent seulement terriblement ? Tant d'adultes semblent leur en vouloir de briser leur routine, de déstabiliser les autres enfants, de ne pas être davantage comme les autres... et on « dit » les comprendre - c'est ce qui me fâche ! Il est certain que dans notre système, avec la charge d'au moins une vingtaine d'autres enfants, un programme de formation à suivre, un travail à faire et un horaire planifié, il est extrêmement difficile de faire des miracles - c'est ce qui me fâche encore plus ! D'où cette question que je me suis posée : « Lorsqu'une situation aussi catastrophique psychologiquement survient dans la vie d'un adulte, continue-t-il à travailler ? » Habituellement non, puisqu'il en est humainement incapable. L'enfant est-il à ce point si fort qu'il puisse, lui, continuer de fonctionner dans le système ? C'est bien ce que nous lui demandons, non !
Combien d'hommes et de femmes, quelque caractère fort qu'ils pouvaient avoir, se sont vus arrêter de travailler sans le vouloir, faute de pouvoir. Le sentiment que je ressens quand je vois ces enfants, c'est que, comme nous, et sûrement bien plus encore, ils ont besoin de temps, de se reposer, de se retrouver, de se soigner... Mais le système ne permet pas cela. Comment peut-on s'imaginer que l'école puisse être différente du travail de l'adulte et que l'enfant puisse tout bonnement y retourner, jour après jour, y faire des crises, déranger et s'humilier et que cela est bon pour lui ? Cette facette de notre système scolaire m'attriste sincèrement - comme si nous passions à côté de l'essentiel... pas le nôtre, mais le sien - celui dont nous sommes sensés être responsables.
J'ai eu la même réflexion pour certains enfants malades... ceux qui ont passé à deux doigts de mourir et qui ne voient en la vie qu'une fin proche, l'âme toute peinte de noir, et que l'on pousse à faire des mathématiques - et vite !
* Épuisement professionnel pour les linguistes, lettrés et amoureux de la langue française en tout genre (c'est cliché, mais c'est joli !)
2 commentaires:
C'est vraiment touchant ce que tu écris... et tellement vrai! Comment peut-on demander autant à des enfants qui n'en peuvent plus, qui font des crises, qui vivent des chagrins, des douleurs, des deuils...
La vie, en dehors de l'école, ne fonctionne pas de cette façon. Comme tu l'as mentionné, en tant qu'adultes, lors d'épuisement, nous avons le droit de tout arrêter. Pourquoi rien n'est-il fait en ce sens pour ces enfants-là?!
...
Se mettre à la place des enfants.
Les respecter dans ce qu'ils sont.
Leur demander des choses que nous, comme adulte, sommes capables de faire.
Surtout, leur donner de l'aide. Une vraie aide dont ils ont vraiment besoin et qui peut les faire cheminer vers un bien-être où il leur sera possible d'apprendre, d'être heureux, d'être respecté...
Tu as tout à fait raison. Cette phrase de Mariette, que plusieurs ont eu la chance d'avoir comme professeure au cours de gestion de classe, résume bien l'idée poignante qui émane de ton texte: « Il n’y a pas d’enfant méchant, il n’y a que des enfants souffrants… »
Janie
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